POINT APRÈS LA LOI MARTIALE - POUR NOS VOYAGEURS

LOI MARTIALE – Un porte-parole de l’office de tourisme de Thaïlande précise que « tous les sites touristiques restent ouverts et fonctionnent normalement. Cette décision n’a aucun impact sur l’activité touristique, qui concernent essentiellement Bangkok. »
Parallèlement les opposants et partisans du Gouvernement maintiennent leurs rassemblements dans Bangkok.
Le Ministère des affaires étrangères précise qu’ »aucun couvre-feu n’est, pour l’instant, imposé », mais recommande d’éviter les manifestations et les rassemblements.
Les principaux points de rassemblement à éviter dans la capitale sont les suivants (liste évolutive) :
- l’avenue Utthayan (anciennement avenue Aksa) dans le district de Thawi Watthana, dans l’ouest de Bangkok ;
- l’avenue Ratchadamnoen depuis « Government House » (bureaux du Premier ministre) jusqu’au pont Fa Lilat ;
- le quartier de Chaeng Wattana (« Government Complex »). (source : tourmag)

En Thaïlande, l’armée impose la loi martiale pour « restaurer la paix »

LE MONDE | 20.05.2014 à 12h03 • Mis à jour le 20.05.2014 à 17h08 |

La rumeur d’un coup de force militaire courait depuis des jours dans Bangkok ; c’est désormais une réalité. Aux premières heures du mardi 20 mai, l’armée a instauré la loi martiale en Thaïlande. Tout en précisant qu’il ne s’agissait« pas d’un coup d’Etat », l’annonce faite sur la chaîne de télévision des forces armées a justifié la mise en place d’un régime d’exception dans le but de « restaurer la paix et l’ordre ». Le communiqué a ajouté qu’il n’y avait aucune raison pour la population de « paniquer » et que tout le monde pouvait « continuer à mener une vie normale ». Le gouvernement par intérim n’a pas été démis.

A l’évidence, l’ambiance dans Bangkok n’a pas les apparences d’un coup de force militaire. La circulation est quasi normale, c’est-à-dire embouteillée ; la présence des soldats dans les rues est discrète. En plein centre, seuls deux camions de l’armée étaient visibles dans la matinée de mardi au carrefour de Ratchaprasong, l’un des hauts lieux des manifestations antigouvernementales ces derniers mois.

Le chef de l’armée, le général Prayuth Chan-ocha, a fait savoir qu’une censure des médias a été imposée dans l’intérêt de la « sécurité nationale ». Dix chaînes de télévision soutenant les deux camps en présence – les « jaunes » antigouvernementaux et les « rouges » alliés d’un gouvernement par intérim qui ne gouverne plus grand-chose – ont reçu l’ordre d’arrêter leurs émissions.

Devant les locaux de la troisième chaîne, située sur la grande avenue Rama-IV, un employé raconte qu’« une dizaine de militaires se sont installés dans les étages depuis le début de la matinée ». Il ajoute : « Tout est calme, il n’y a eu aucune violence. »

« UN SEMI-COUP D’ÉTAT »

L’instauration de la loi martiale n’est pas une surprise. La semaine dernière, après une ultime attaque à la grenade, non revendiquée, qui avait fait trois morts dans les rangs des antigouvernementaux, le chef de l’armée avait prévenu que les militaires étaient prêts à « intervenir». Depuis le début des troubles, en novembre 2013, 28 personnes ont été tuées et plusieurs centaines ont été blessées.

Nul ne sait pour l’instant quels sont cette fois-ci les objectifs de l’armée, qui a fomenté dix-huit coups d’Etat, réussis ou avortés, depuis 1932, date de la révolution qui avait transformé la monarchie absolue en monarchie constitutionnelle.

Mais l’armée, émanation d’un establishment royal et politique représentant les élites traditionnelles de la Thaïlande, penche du côté des manifestants antigouvernementaux. Une inclination propre aux grandes institutions du pays, notamment la Cour constitutionnelle, qui a destitué le 7 mai la première ministre Yingluck Shinawatra, sœur de l’ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra, renversé par le dernier coup d’Etat, en septembre 2006.

Le frère et la sœur sont les bêtes noires de cet establishment. Le rejet de cette famille politique a été relayé depuis novembre dans les rues par un mouvement populaire hostile au gouvernement. Un conseiller de l’actuel premier ministre par intérim, Niwattumrong Boonsongpaisan, a dénoncé sur la chaîne américaine CNN ce qui s’apparente à « un semi-coup d’Etat ».

ÉVITER UNE SANGLANTE EXPLICATION DANS LES RUES DE BANGKOK

Les « jaunes » – ainsi nommés parce qu’ils se parent de la couleur du roi Bhumibol Adulyadej (86 ans) – avaient demandé samedi à tous les fonctionnaires de cesser d’obéir aux ordres du gouvernement, lors d’une conférence de presse tenue à l’intérieur même du palais du premier ministre, qu’ils occupaient depuis plusieurs jours. Ils ont cependant été priés de quitter les lieux mardi matin par les militaires.

Quant aux « chemises rouges », une mouvance regroupant les partisans de Yingluck et de Thaksin – qui vit en exil à Dubaï –, ils sont désormais encerclés dans la banlieue de Bangkok, d’où ils auraient pu déferler en cas de volonté de confrontation directe avec les militants jaunes.

L’instauration de la loi martiale, quelles que soient les arrière-pensées de l’armée, a vraisemblablement pour objectif premier d’éviter une sanglante explication dans les rues de la capitale.

Le juriste Veerapat Pariyawong, analyste des questions politiques thaïlandaises, a réagi sur son compte Facebook en estimant que « les militaires ont le choix entre deux options : soit ils veulent créer les conditions appropriées à la tenue d’élections et au lancement d’un programme de réformes sous l’égide d’un gouvernement civil ; soit ils vont se prononcer pour un processus qui aurait les apparences de la légitimité, et serait en fait destiné à remplacer l’actuel gouvernement en offrant des garanties transitoires aux élites traditionnelles ». Une manière de protéger le retour de l’establishment conservateur, qui inclut le Palais royal, la haute hiérarchie militaire et les manifestants antigouvernementaux.

L’« ULTIME BATAILLE » DE SUTHEP THAUGSUBAN

Samedi 17 mai, l’ambiance dans le palais du gouvernement, occupé par les antigouvernementaux, avait toutes les allures d’une situation insurrectionnelle. Sur scène, celui qui s’est imposé depuis l’hiver comme le chef de file de la fronde, Suthep Thaugsuban, ancien vice-premier ministre, avait appelé à un mouvement de désobéissance civile. Il avait, une fois de plus, annoncé l’« ultime bataille », en fixant son échéance au 27 mai, date butoir qui, selon lui, aurait dû voir la nomination d’un premier ministre « neutre ».

« Si je ne suis pas suivi ce jour-là par un million de personnes, je me rendrai à la police et j’arrêterai le mouvement », avait-il promis. Le chef des « jaunes » est en effet sous le coup d’un mandat d’arrêt pour insurrection.

En dépit des pressions qu’il avait exercées sur le Sénat pour que celui-ci destitue le gouvernement, désormais fantomatique, Suthep Thaugsuban avait laissé percer une certaine frustration : « Il est regrettable que les sénateurs n’aient pu fixer le calendrier. »

Un peu plus tard ce samedi, à l’issue d’un colloque réunissant dans les locaux de l’université Thammasat des intellectuels prodémocrates, l’un d’entre eux, le professeur de droit Worachet Pakeerut, se déclarait plutôt optimiste quant à la réalité d’une « maturation politique » de la démocratie thaïlandaise. « La seule solution réside en la tenue prochaine des nouvelles élections, avait-il indiqué au Monde. L’armée ne peut plus organiser des putschs comme dans le passé. De nombreux Thaïlandais, même les adversaires du gouvernement, partagent désormais les valeurs de la démocratie et du suffrage universel. »

Les jours prochains diront si la loi martiale n’était après tout qu’un coup d’Etat qui ne disait pas son nom.

Point apres la Loi Martiale – pour nos voyageurs – Sources:
- Tourmag
- Le Monde
- Divers ambassades (Suisse) en Thaïlande